Serial Mapper

J'ai déjà évoqué il y a quelques temps un courant de la cartographie éditoriale qui utilise comme fond de carte un visage.

Jeff Clack, souvent cité sur ce blog,  de Neoformix n'a pas hésité à plaquer le nuage de tag issu de l'analyse des flux twitter contenant "Obama" sur la fameuse icône de la campagne du premier président noir des USA :

Plutôt réussi et pertinent comme mise en scène. Bravo Jeff !

PS : j'avais raté ce billet lors de sa sortie sur Neoformix. Quelqu'un vient de le détérer mais je ne sais plus qui. Bref je dois passer trop de temps à faire du voyeurisme sur Twitter ;-°))

Avez-vous vu l'exposition "une image peut en cacher une autre " ?

Cette imposante manifestation (près de 300 oeuvres) est entirement dédiée aux "images doubles" et autre "images potentielles" qui trompent nos habitudes de lecture et de reconnaissance.

La plus célébre (qui date de 1892) est sans doute celle du canard lapin :

(regardez l'animal alternativement de la gauche puis de la droite de l'image )

Les cartographes de l'information y trouveront quelques pépites mais ce n'est pas une exposition dédiée à la cartographie éditoriale.

Car ici il s'agit d'art. Le regard du spectateur est donc incontournable : "on ne voit que ce que l'on sait" : des intentions ont été déposées par l'artiste (les fameuses images doubles) mais ils dépendent, pour leur visualisation, du spectateur.

A l'inverse grâce à la dimension éditoriale de la mise en scène de l'information "on sait ce que l'on voit" dans une bonne cartographie de l'information.

Il existe cependant des dispositifs à la frontière de ces 2 mondes (nous y reviendrons).

On ne peut d'ailleurs qu'être frappé par l'absence d'images potentielles ("images cachées") dans la version contemporaine de la cartographie de l'information (1). Celà parait d'autant plus étonnant que l'exposition prouve que les périodes de changement profond sont propices à ce type de technologies intellectuelles.

Est-ce un indice que notre époque n'est pas aussi révolutionnaire qu'elle le prétend ?

PS : j'ai redécouvert les méta illusion de Markus Raetz mais il faut vraiment voir l'exposition car l'expérience cognitive vécue lors de la découverte de ces dispositifs perd beaucoup lors d'une reporduction en 2 D.

(1) si des lecteurs ont des contre exemple qu'ils n'hésitent pas à en faire part

Nicolas Vanbremeersch, alias Versac,  vient de publier un livre important :

Cet ouvrage aurait pu (aurait du ?) s'intituler "tout ce que vous voulez savoir sur les blogs sans jamais oser le demander".

C'est donc un véritable livre de blogueur ce qui est loin d'être une évidence dans la production éditoriale actuelle. L'auteur prévient cependant : " je n'ai pas épousé le web comme un religion" et il fustige "la naïveté des technolâtres" tout comme "la paresse intellectuelles de ceux qui se contentent de signaler  les risques que font courir les nouvelles technologiques" . Bref autant dire que j'aurai pu écrire un certain nombre (mais pas toutes ;-°)) des phrases de ce livre.

Et la cartographie dans tout ça ?

Autant le préciser tout de suite (et les fidéles lecteurs des commentaires le savent déjà) Nicolas eu la gentilesse de citer Serial Mapper comme point de départ pour découvrir la cartographie de l'information.

Nicolas rappelle que le web est un territoire. La cartographie de l'information est donc centrale même si "à peine cartographiée la carte est fausse" et si personne ne posséde "la carte globale".

Le web est même "tangible, on peut s'y déplacer ". Une telle volonté de re-territorialisation devient rare de nos jours.

Rappellons nous cependant  que le site Cybergeography de l'anglais Martin Dodge a joué un rôle essentiel dans la renaissance de la cartographie de l'information et dans son utilisation pour l'internet.

C'est également dans les années 2000 que IBM avait produit sa fameuse carte du web en noeud papillon

Ce rappel pédagogique n'empeche pas Nicolas propose à son tour sa cartographie du web en 3 composantes qui repose non pas sur la mise en scène de ce que l'on ose plus appeler le réseau des autoroutes de l'information (les fameux hyperliens)  mais sur une vision éclairante des pratiques sociales qui s'y incarnent.  

Bon je ne sais pas trop comment vous le redire mais précitez-vous sur ce bouquin de 100 pages qui vous permettra enfin de comprendre ce qui fait courir ces drôles de bloggeurs et surtout pourquoi ces nouvelles pratiques vont à l'instar des cafés au XiX éme bouleverser la sphère publique et pas mal d'industrie de la médiation.

Last but not least pour une fois l'auteur est français. Cela fait du bien dans notre cyber monde où 90 % des sources primaires proviennent de la sphére anglo-saxonne.  Au fait à quand la traduction en américian ?

Je me souviens, à la mode Perec, que G20 c'était le nom du super marché où j'allais faire mes courses quand j'habitais près de la Nation. Depuis ce sigle a fait du chemin

Jeff Clark de Neoformix a eu l'idée de cartographier pour le G20  les gazouillis twitts des internautes sur les leaders américains, canadien et anglais en ressuscitant les diagrammes de Venn.

L'auteur n'explique pas ses choix mais on ne peut que constater que la disparition du président français des écrans radar.

Voici pour une fois  une carte strictement géographique mais qui pourra en dépanner certains :

C'est une preuve également qu'il y a une vie (et une visualisation) en dehors de Google Map ;-°))

Via le blog Cartophilia.

N'en déplaise à Claude Allégre il y a des signes qui ne trompent pas sur le réchauffement climatique ;-°))

source ? euh .. j'ai oublié

Philippe Rekacewicz a publié  dans la livraison de mars du Monde Diplomatique un article intitulé l'Oeil, la Terre et le Cartographe.

L'ensemble de l'article mériterait d'être cité car même si l'auteur part d'une perspective géographique sa problématique rentre en résonance avec des thèmes récurrents de Serial Mapper et de la cartographie de l'information.

Outre la" richesse du langage des crayons" l'auteur insiste sur la pertinence de la métaphore théâtrale pour illustrer le thème de la "mise en scène graphique du fonctionnement du monde". Il se trouve que depuis quelques semaines je travaille sur une nouvelle carte qui s'appuie justement sur cette métaphore pour illustrer ma démarche ...

Voici donc l'extrait promis :

" La carte est une composition visuelle et le cartographe l'interface intuitive entre la réalité et sa transposition.

Que se passe-t-il quand les anciennes représentations ne fonctionnent plus et que les nouvelles n'ont pas encore pris corps ? Quand le monde bipolaire de la guerre froide est remplacé par une géopolitique mouvante, multipolaire, complexe ?

Le rôle du cartographe, au carrefour de la science, de la technologie, de l'éthique, de la politique et même de l'art, est alors de tenter de saisir, grâce à la richesse du langage des crayons, le nouveau, l'inattendu,l'inédit...

(...)

La carte est une composition visuelle et le cartographe l'interface intuitive entre la réalité et sa représentation. Il lui est impossible de penser son projet en lien direct avec ce qu'il voit du monde, puisque entre les deux, précisément, intervient toute une batterie de filtres.

Comme un metteur en scène de théâtre qui, sur la base du monde réel, choisit la personnalité de ses acteurs et l'atmosphère de ses décors.Il ne faut pas en effet sous-estimer la dimension dramatique — au sens propre — du système cartographique : il constitue une véritable mise en scène graphique du fonctionnement du monde.

(...)

retour, pour finir, à la métaphore théâtrale : le cartographe transporte volontairement le spectateur dans une atmosphère spécifique, où se meuvent des acteurs porteurs d'un message politique.

Cette richesse du langage de nos crayons de couleur, Paul Klee l'a décrite mieux que quiconque : « Le domaine graphique, de par sa nature même, pousse aisément à l'abstraction, écrivait le peintre. Le merveilleux et le schématique propres à l'imaginaire s'y trouvent donnés d'avance, et, dans le même temps, s'y expriment avec une grande précision. »

Ce à quoi Conrad Felixmüller rétorquait : « L'art est constamment soumis à des considérations économiques, politiques, religieuses ou techniques : il sera alternativement décadent, constructif, révolutionnaire ou rêveur . »

Ça y est ! Ce billet est le 400 éme !

Ce blog est véritablement lancé depuis septembre 2006 et coïncidence des chiffres vous avez consulté au total plus d'un million de pages depuis cette ouverture.

Vous êtes de 450 à accéder à Serial Mapper chaque jour et 330 à être abonné à la newsletter.

Un grand merci à vous tous et à vous toutes pour votre fidélité.

Quand j'ai débuté je m'étais fixé un objectif à long terme de 150 lecteurs que j'avais aussitôt jugé ridicule et mégalomane, alors 450 ...

Je constate également que ce chiffre est en augmentation lente mais régulière et pour moi ça vaut toutes les audiences du monde puisque ça prouve que ce blog vous nourrit car vous y revenez.

Pour la circonstance je vais essayer de parler un peu des coulisses (1)  et du pourquoi d'une telle énergie (en moyenne un billet tous les 2 jours et demi).

Je constate en effet un certain désengagement des bloggeurs. Outre Versac , par ailleurs cartographe de l'information dans le civil avec Spintank , qui a jeté l'éponge, l'année dernière (mais il reprend du service ici), Christophe (outils froids) et Emilie (samarkande entre auitre) se posent des question ici et ici .

De fait l'activité de bloggeur est un vrai travail de bénédictin car il faut beaucoup lire, consulter, jeter, survoler, intuiter, oublier, raisonner, dessiner et ... cartographier au moins mentalement pour continuer à publier régulièrement des billets. Outre mes 3 bibliothèques j'ai 200 blogs dans mon outil de lecture des flus RSS (2).

Comment est- ce possible ? Premièrement je ne regarde jamais la TV après 20 h 30 (3) Deuxièmement je travaille peu ...  mais très souvent. Donnez moi 15 minutes et je saurai quoi en faire. Mes cycles court s'adapte bien au rythme du blog.

Attention cependant à l'activisme à tous crins. Si l'on veut durer il faut respecter le principe de plaisir (il y a des jours voir des semaines sans). Il faut savoir tenir compte de ses rythmes et ne pas se forcer sinon gare au burn out.

L'année 2008 m'aura cependant permis d'assurer le colloque carto 2.0 avec Christophe Tricot (et une sacrée équipe), de publier un ouvrage,  d'organiser le café Carto 2.0 avec Christophe tricot et Prosper Carlis tout en continuant à bloguer.

Le plus inattendu pour moi a été toutes les rencontres que ce blog m'a permis de faire dans la vraie vie.  Outres les 2 précédents il me faut mentionner pour Bruxelles : Armel et Dominique, Pierres Yves, pour Rome Roberta, Pour Paris (... il y en a trop). Comme l'expliquait en substance Claire Ulrich dans un supplément du Monde 2 les blogs et les réseaux sociaux permettent de ré-enchanter le monde !

Mes quelques regrets sont liés à ma capacité limitée à jouer le jeu des bloggeurs : manque de réactivité dans les traitements des commentaires, non intervention sur les autres blogs, négligence dans la promotion de ce site.  Il faut dire que mes activités professionnelles n'ont que peu de rapport avec ce blog et je ne peux pas tout faire.

Last but not least tout cela ne serait pas possible sans la patience et la compréhension de mon épouse. Elle a connu aussi l'époque du mari bricoleur (modélisme) et je n'ose lui demander ce qui est pire ;-°))

Bon je pense que j'ai assez parlé de moi ;-°)) Rendez vous pour le 800 éme !

PS important : Puisque vous avez eu la patience de me lire jusqu'ici voici un petit supplément sur l'attitude en temps de crise vue par Hervé Bommelaer (source Transition Agile)

"En période de crise, ce n'est pas en continuant de creuser toujours plus profond que l'on se donne les moyens de rebondir au bon moment. Au contraire, il est préférable de moins pelleter mais de le faire à des endroits différents et nouveaux. Plus que jamais, dans les périodes de difficulté, il convient d'être ouvert, curieux et disponible."

Serial Mapper va donc essayer de changer et se renouveler dans les prochains mois tout en conservant les fondamentaux (4) !

(1)  Ceux qui me connaissent m'ont souvent fait la réflexion que l'introspection n'est apparemment pas mon fort et qu'on l'entend rarement parler de l'auteur sur ce blog ;-°))

(2) dont heureusement un bon nombre sont peu actif.

(3) sauf vendredi dernier pour voir "la journée de la jupe" qu'il ne faudra pas rater au cinéma et pas seulement pour la performance d'Adjani

(4) comme dirait les pseudos sportif

L'ami Christophe Deschamps (Outils Froids) ne signale for justement ce billet, paru sur Strange Map, consacré à une auto mise en scéne réalisée par Philippe Gonzalvez dans les années 80 :

Philippe est apparemment un prof de science originaire de Marseille vivant actuellement dans le nord de la France. Outre les jeux de mots sur les métaphores géographiques (république des cheveux, émirat de barbe, chaîne de la moustache ...)  sa carte est parsemée d'indices bizarre sur des lignes de ferry partant de l'archipel de l'épi et sur un méridien de Greenwich auto-centré sur son point de départ (360° ).

Cette carte a sans doute inspirée la campagne BNP-Paribas sur les produits de bourse qui un an après résonne bizarrement avec ses" territoires audacieux, sa chaîne du pragmatisme et son océan du moi "(sic)

En matière d'auto mise en scène les participants du café carto 2.0 ont été plutôt créatif mais aucun n'a eu l'idée d'utliser le visage qui est vraiment à creuser.

Petite escapade à Rome il y a quelques temps pour un week end prolongé à 2.

Parmi les immenses richesses artistiques de cette ville figurent la salle des cartes du musée du Vaitican

Evidemment il n'y a pas que le plafond dans cette salle ...

certaines cartes sont très connues (ici Venise)

Impressionnant non ?

Crée à la demande du pape Grégoire XIII cet ensemble de 40 (!) cartes murales constitue la plus grande mise en scène de cartes au monde. Il fut réalisé entre 1580 et 1584 sous la direction du géographe Egnazio Danti.

De même que la carte figure dans les tableaux de Wermeer comme signe extérieur de richesse et indice géopolitique cet étalage de cartes de la péninsule italienne montre bien les ambitions profanes du Vatican.

Un certain pape aurait mieux fait de suivre l'exemple de ses prédécesseurs et de regarder les cartes avant de proférer des contres vérités criminelles sur l'absence d'efficacité du préservatif dans la lutte contre le SIDA (Cf l'article de Terrimago )  .

Une carte pouvant en cacher une autre cette visite à Rome n'aurait pas été complète sans une rencontre avec la reine des cartes heuristiques Roberta Buzzacchino qui nous avait fait l'amitié de participer via skype au café carto 2.0.

Nous nous sommes donc retrouvés avec nos conjoints dans un resto typique et fort bon (1) pour un échange parfois un peu rocambolesque mon italien n'étant pas des meilleurs.

La communauté cartographie de l'information n'est pas encore aussi dévelopée qu'en France et Roberta a besoin de notre soutient. N'héistez donc à faire la promotion de son excellent blog en italien si vous le pouvez !

En tout état de cause  Roberta a promis de venir nous rendre visite en personne à Paris Reste à trouver l'occasion !

Vous trouverez ici le billet que Roberta a consacré à notre rencontre

(1) le Cul de Sac (sic) mais il est impératif de réserver et d'être malgré tout patient car ce n'est pas très grand.